Une parodie des rigoureux manuels d'éducation du début du xxème siécle, et est ainsi composée de conseils courts (le plus souvent une phrase ou deux) regroupés en thèmes : « À la maison », « Devoirs envers votre mère », « En classe », etc.
Le ton de l'ouvrage est vif, voire lapidaire, le style particulièrement cru et chatoyant. Pierre Louÿs use volontiers d'ironie pour évoquer les amours viles des jeunes filles perverses, et cette relative distanciation lui permet de faire fi de toute censure morale (inceste, pédophilie...). De fait, on est loin du raffinement précieux des Chansons de Bilitis par exemple, et le Manuel de civilité est sans doute l'œuvre la plus subversive de Louÿs, véritable attaque en règle contre le puritanisme bourgeois de la Belle Époque.
À titre d'illustration, le « Glossaire » qui ouvre l'ouvrage se compose de cet avertissement :
« Nous avons jugé inutile d'expliquer les mots : con, fente, moniche, motte, pine, queue, bitte, couille, foutre (verbe), foutre (subst.), bander, branler, sucer, lécher, pomper, baiser, piner, enfiler, enconner, enculer, décharger, godmiché, gougnotte, gousse, soixante-neuf, minette, mimi, putain, bordel.
Ces mots-là sont familiers à toutes les petites filles. »