Parmi les grandes figures du moyen âge, il en est peu dont létude soit plus propre que celle de saint Bernard à dissiper certains préjugés chers à lesprit moderne. Quy a-t-il, en effet, de plus déconcertant pour celui-ci que de voir un pur contemplatif, qui a toujours voulu être et demeurer tel, appelé à jouer un rôle prépondérant dans la conduite des affaires de lÉglise et de lÉtat, et réussissant souvent là où avait échoué toute la prudence des politiques et des diplomates de profession? Toute la vie de saint Bernard pourrait sembler destinée à montrer, par un exemple éclatant, quil existe, pour résoudre les problèmes de lordre intellectuel et même de lordre pratique, des moyens tout autres que ceux quon sest habitué depuis trop longtemps à considérer comme seuls efficaces, sans doute parce quils sont seuls à la portée dune sagesse purement humaine, qui nest pas même lombre de la vraie sagesse.Analysant la vie et la doctrine de Saint Bernard, René Guénon montre comment celui-ci gérait de façon particulièrement habile les relations entre le religieux et le politique.