«L''Europe est malade, la France est malade. Je suis malade. Le monde est malade. Les peuples et les nations qui paraissaient au moins libérales s''abandonnent aux ivrogneries de la gloire militaire, se soûlent de conquêtes. La France a failli recommencer les guerres de religion,-sans avoir même la foi. Les jeunes civilisations, comme on les nommait, sont plus pourries que les anciennes. Les rois nous soûlaient de fumées, comme on le chante encore, selon Pottier. Mais à présent, ce sont les peuples qui se soûlent de gloire militaire, comme ils se soûlent d''alcool, eux-mêmes. Auto-intoxication. La pourriture de l''Europe a débordé sur le monde.»
Après avoir contracté une grippe extrêmement virulente, Péguy se voit dans l''obligation d''être confiné à domicile et découvre ce que nous appellerions aujourd''hui le «télétravail», avec ses avantages — le fait par exemple de prendre du temps pour se replonger dans la lecture de grands classiques — et ses inconvénients. C''est aussi et surtout l''occasion de réfléchir au fonctionnement de la société de son époque et à son devenir, à travers une réflexion sur la politique, le pouvoir et le rapport entre maladie individuelle et maladie sociale.