La reprise du mythe de Salomé
Lolita peut pour plusieurs raisons être considéré comme une actualisation du mythe de Salomé relaté dans les Évangiles. Dans les Évangiles, « la fille d’Hérodiade », toute jeune fille, est utilisée par sa mère pour manipuler son mari Hérode. Hérodiade demande à Salomé de danser pour lui. Envouté par la beauté et la sensualité de sa belle-fille, il lui dit qu’elle peut lui demander tout ce qu’elle veut. Elle réclame alors la tête de Jean le Baptiste sur un plateau.
Le trio actantiel est le même dans les deux cas puisque la jeune fille séduit son beau- père sous les yeux de sa mère :
Le pouvoir fatal de Salomé réside dans sa jeunesse et sa grâce, ainsi que dans sa danse lascive. Dolorès est une « nymphette » fascinante aux yeux d’Humbert. Il la supplie de danser pour lui, et cela après lui avoir fait des promesses. Le parallèle est flagrant :
Certains soirs aventureux, à Beardsley, je l’avais même fait danser devant moi en lui promettant quelque gâterie ou cadeau, et […] le rythme de ses membres pas encore tout à fait nubiles m’avaient procuré du plaisir. (p. 389)
Salomé est synonyme de destruction à la fois pour le prophète Jean le Baptiste, mais également pour le roi Hérode qui perd son libre arbitre et le contrôle de ses actes. Il en va de même pour l’inconséquente Lolita qui détient le destin d’Humbert entre ses mains et provoque la mort de Clare Quilty (et indirectement celle de sa propre mère).
Salomé est définie comme « le mythe du combat éternel entre la femme et l’homme, la chair et l’esprit, l’irrationnel et l’intellect. »3. Cela peut également s’appliquer aux rapports entre Humbert et Loli