Le texte de Simone Weil que nous publions est extrait de Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale (1934), un ensemble d’études consacrées à la critique politique et sociale. Son « grand œuvre », dira-t-elle, qui fit fort impression sur son ancien professeur de khâgne, le philosophe Alain. Il en parlera comme d’un travail de première grandeur. Elle a vingt-cinq ans mais c’est un travail qu’elle ne publiera pas de son vivant. Nous sommes au milieu des années 30, la Russie est sous la chappe stalinienne, Hitler vient d’arriver au pouvoir, la France est confrontée à des mouvements politiques et sociaux d’une rare violence. C’est dans ce climat de grande incertitude que Simone Weil entreprend un travail de réflexion fondamentale sur la nature de l’oppression dans toutes les sociétés, y compris communistes (l’oppression peut subsister lorsque l’exploitation disparaît). Et sur les conditions d’une liberté effective, qui passe par une libération de la force spirituelle des individus et des peuples.