ce qu’il est nécessaire que tu croies, c’est que ton corps est une chose et que ton esprit en est une autre. Ton esprit est tout. Ton corps, au contraire, ne compte pas. Il ne vaut pas même un pet de lapin. Il ne sert qu’à t’encombrer. Ton esprit lui commande de mourir. Tu commences l’opération par les deux orteils. Tu les fais mourir, l’un après l’autre, puis, après eux, tous tes doigts de pieds. Tu veux qu’ils meurent. Et, si tu as la foi et la volonté, ils mourront. Le début est le plus difficile. Quand le premier orteil est mort, le reste n’est plus que bagatelle. Car alors tu n’as plus, pour croire, à te tourmenter les méninges. Ta volonté opère sans peine pour le reste du corps. Je l’ai fait trois fois, je le répète. Je sais, Darrell. Le plus curieux, c’est que tandis que ton corps est en train de mourir, ton esprit n’en demeure pas moins lucide. Ta personnalité subsiste. Après tes pieds, tes jambes sont mortes. Puis les genoux. Puis les cuisses. Et, à mesure que monte la mort, tu es le même toujours. Ton corps seul abandonne la partie, morceau par morceau.